vendredi 10 février 2017

La Fontaine : Les Deux Grenouilles

Inédit… ou apocryphe?

Peu importe en fait. Ce qui est sûr, c'est que cette fable m'est venue au cours de mon analyse. Désespérant de la trouver dans les œuvres complètes du bon La Fontaine, je me suis décidé à en faire une transcription, comme en un rêve halluciné.

Les Deux Grenouilles

Perrette prospérait…
Un soir elle dépose, au coin du mur, près de l'étable
La grande jatte à demi-pleine
De son bon lait tiède et mousseux fraîchement trait

Deux grenouilles passant par là
Avisent le lait, se mettent en tête
De le goûter, glissent le long d'une brindille
Et font le grand plongeon.

Leur joie est de courte durée.
Ayant bu tout leur soûl il leur faut ressortir.
Las, comment y parvenir sans même un point d'appui,
Et sans la moindre louche à laquelle grimper?

L'une en prend son parti, vite se désespère.
"Pédaler, oui, mais pour quoi faire? Ma commère
Nous n'y parviendrons point, nous voilà mal parties,
Le destin nous punit, je gage"

"Vous avez bien tort de vous agiter, 
Tout comme moi vous mourrez…
J'arrête, plus question que je nage"
Et se laisse couler.

L'autre continue sans trop savoir pourquoi, 
S'agite, s'angoisse, se débat et s'affole
Et puis bientôt s'étonne : 
"Comment ce lait si doux, voici qu'il se bétonne

Se change en crème, en beurre, 
Me fournit aussi sec l'assise indispensable ? "
Elle prend son élan, 
Atterrit sur le sable.

Deux sauts encor et elle est au logis, 
Toute essoufflée mais ayant bien compris
Qu'il lui valait mieux vivre, même en ayant eu tort
Qu'en ayant dû céder au devant de la Mort.

Jacques Ponzio,  27 septembre 2000

1 commentaire:

  1. Merci. Depuis deux mois prisonnière d'une situation désespérée que j'ai avec obstination provoquée, me voilà vieille, amaigrie, pétrie de culpabilité, sans appétit ni repos, me répétant que je l'ai bien cherché. Mais heureusement , le souvenir de cette fable me tenait.

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